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Par Ladyfara le 24 Mai 2020 à 17:47
"Je dois être une sirène, Rango. J'ai aucune peur des profondeurs et une grande peur de la vie peu profonde".
Anaïs Nin
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Par Ladyfara le 17 Janvier 2016 à 18:47
Les sirènes
Les Sirènes chantaient... Là-bas, vers les îlots, ...
Une harpe d'amour soupirait, infinie
Les flots voluptueux ruisselaient d'harmonie
Et des larmes montaient aux yeux des matelots.Les Sirènes chantaient... Là-bas, vers les rochers,
Une haleine de fleurs alanguissait les voiles
Et le ciel reflété dans les flots pleins d'étoiles
Versait tout son azur en l'âme des nochers,Les Sirènes chantaient... Plus tendres à présent,
Leurs voix d'amour pleuraient des larmes dans la brise,
Et c'était une extase où le coeur plein se brise,
Comme un fruit mûr qui s'ouvre au soir d'un jour pesant !Vers les lointains, fleuris de jardins vaporeux,
Le vaisseau s'en allait, enveloppé de rêves
Et là-bas - visions - sur l'or pâle des grèves
Ondulaient vaguement des torses amoureux.Diaphanes blancheurs dans la nuit émergeant,
Les Sirènes venaient, lentes, tordant leurs queues
Souples, et sous la lune, au long des vagues bleues,
Roulaient et déroulaient leurs volutes d'argent.Les nacres de leurs chairs sous un liquide émail
Chatoyaient, ruisselant de perles cristallines,
Et leurs seins nus, cambrant leurs rondeurs opalines,
Tendaient lascivement des pointes de corail.Leurs bras nus suppliants s'ouvraient, immaculés
Leurs cheveux blonds flottaient, emmêlés d'algues vertes,
Et, le col renversé, les narines ouvertes,
Elles offraient le ciel dans leurs yeux étoilés !...Des lyres se mouraient dans l'air harmonieux
Suprême, une langueur s'exhalait des calices,
Et les marins pâmés sentaient, lentes délices,
Des velours de baisers se poser sur leurs yeux...Jusqu'au bout, aux mortels condamnés par le sort,
Choeur fatal et divin, elles faisaient cortège
Et, doucement captif entre leurs bras de neige,
Le vaisseau descendait, radieux, dans la mort !La nuit tiède embaumait...Là-bas, vers les îlots,
Une harpe d'amour soupirait, infinie
Et la mer, déroulant ses vagues d'harmonie,
Étendait son linceul bleu sur les matelots.Les Sirènes chantaient... Mais le temps est passé
Des beaux trépas cueillis en les Syrtes sereines,
Où l'on pouvait mourir aux lèvres des Sirènes,
Et pour jamais dormir sur son rêve enlacé.Albert SAMAIN (1858-1900)
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